(Le voyage est, à mon sens, une
découverte de l’Autre. ce texte est une dédicace à une amie qui a partagée mon
dernier voyage et qui m’a beaucoup inspiré)
Elle était grande de taille. Ses
grands yeux brillaient et ses paupières touffues parlaient d’une féminité
abandonnée qu’elle peinait souvent à cacher. Son sourire clair et brillant
donnait à tout instant le désir de partager la bonne humeur. Ses lèvres marquaient
son visage rond et ses cheveux châtains courts et lisses témoignaient d’une
révolte permanente qu’elle menait contre sa nature prospère de fertilité.
Son insouciance se transformait
en jean permanent et en claquette laissant paraître des petits doigts qu’elle garnit d’un manucure rouge vif pour
dire qu’elle reste, au dessus de toutes les circonstances, la femme dont elle
est fière d’être. Sa poitrine généreuse et ses seins bien galopés ne laissaient
personne indifférent. Elle tenait parfois à les cacher, par des tee-shirts
amples, pour jouer le rôle de l’innocente qu’elle adorait joué de temps en
temps.
Elle conservait en son âme une
petite naïveté qu’elle croyait nécessaire pour la vie. Ainsi, elle ne
soupçonnait jamais les regards admirateurs et ne se rendait pas compte des
avances des uns ou des autres. Elle voulait échapper au rôle de la femme fatale
qu’on lui a attribué du premier jour de sa naissance.
A quel point était –elle
accessible ? Personne ne peut trancher ou prétendre avoir la réponse.
Quand à elle, la question ne se pose même pas. Elle était et restera exclusive
à elle-même, à son imaginaire et à ses rêveries du beau temps et d’harmonie
inconditionnée.
Elle avait l’œil et le cœur mais
pas la parole. Elle bafouait et gesticulait en vibrant quand il s’agissait de
parler des sentiments ou des idées importantes. Pourtant, quelque chose de
contagieux ou de passionné pénétrait irrésistiblement ses interlocuteurs. Son
regard manipulait l’atmosphère et plus encore les âmes qui l’entouraient et qui
la convoitaient en permanence.
Son secret était la sincérité et
la transparence. Carte sur table, noir ou blanc, pile ou face, elle n’a jamais
su nuancer. Elle tranchait et restait cloitrée fièrement dans sa décision comme
un Dieu qui ne regrette jamais le châtiment d’un diable. Elle se sentait,
vraiment, supérieure, pas par son charme, ni par son intelligence mais par ses
valeurs. Et même si elle se ravageait de l’intérieur pour des petits regrets,
sa majestueuse allure ne tolérait jamais
le rabaissement à des gémissements qu’elle considère médiocres et
inutiles.
Sa frustration était l’obligation
de subir autre chose que l’aventure et ses difficultés. Le certain était son
pire ennemi. Elle a choisi de combattre la banalité de la vie et la facilité de
la mort. Elle jouait avec les deux comme on joue à la carte. Elle était
persuadée que tout est une question de calculs même si elle n’avait pas,
souvent, fait les bons et éviter les mauvais.
Son rire était sensuel et coquin
mais loin de la vulgarité. Elle avait le don de garder l’attention des présents
même quand elle boudait en se suffisant à son verre et sa cigarette qu’elle se retient
toujours à allumer. Quand elle est de bonne humeur, le moindre détail de la vie
obéit et devient gai et aimable. Elle avait la sensibilité d’ajuster le monde à
son aise.
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