Hier, 17 octobre 2012, les journalistes tunisiens
ont fait une grève générale réussie à 90%. « Journalisme ! Quatrième
pouvoir ! » « À bas la
censure ! À bas les barrières ! » Les slogans étaient forts, les
voix étaient sincères, et les visages étaient plus clairs que jamais. Hier, j’ai vu, de
mes propres yeux, l’espoir en une presse vraiment libre en Tunisie.
« Il faut libérer les médias »
voilà le mot d’ordre qui régnait au syndicat des journalistes tunisiens, toute
la journée d’hier. « Il faut garantir le droit de l’accès à l’information pour
les journalistes et pour tous les citoyens ». « Il faut laisser aux
médias la liberté de choisir leurs dirigeants, la liberté d’expression et
surtout arrêter de les intimider et de les accuser d’être à l’origine de tous
les maux du pays ». ces idées et
répliques remplissaient les esprits des grévistes.
Photo de Dalila Yakoubi
Grace à la grève de faim des
journalistes de Dar Assabah qui a commencé le 7 octobre, et à cause de l’arrogance
de la troika qui fait tout son possible pour garder les médias sous contrôle, les
journalistes tunisiens se sont révoltés. La grève générale a montré que les
journalistes tunisiens sont capables de libérer le secteur grace à leur détermination et leur solidarité.
Dans cette ambiance, des flashs
back m’ont occupé l’esprit. Des visages et des voix m’ont arraché du présent. Il
y a dix ans, j’étais en première année à l’IPSI. A l’époque, Mohamed Himdane,
était le directeur de l’institut. Il nous donnait un cours sur le code de la
presse tunisienne.
Cet homme était notre premier contact
avec le monde de la presse. Je n’oublierais jamais ce cours. Je n’oublierais
jamais les détails des séances et les mots qui raisonnaient fort « la loi
interdit : de dire, de critiquer, de demander, d’attaquer, de penser, de
revendiquer… ».
-
Tout est interdit alors ?
-
Non, vous pouvez parler de
tout ce que vous voulez mais en respectant la loi, disait notre directeur.
Je vois encore les petits
sourires crispés de mes camarades de classe. Je vois encore, aujourd'hui, les cœurs des
journalistes remplis d’amertume et de
déception. Je me suis rappelée, les premiers
rêves, les premières ambitions et les premières déceptions. Et je pense, ferme,
que plusieurs de mes collègues ont presque les mêmes souvenirs et gardent la même
amertume. Aujourd’hui, l’espoir d’avoir des plumes libres et professionnelles,
nous met devant un seul choix, combattre jusqu’au bout du souffle.
Vive la presse tunisienne libre
et indépendante !
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