jeudi 2 décembre 2010

Chak wak : un film halal … ou banal?

[ En voyant toute la polémique qui a entouré « Chak Wak, un film halal », on s’est cru devant un film spécialement audacieux. « Censuré » de la part des JCC 2010, le réalisateur Nasreddine Sehili a déclenché toute une campagne médiatique pour dénoncer la décision du comité de sélection. Ce dernier cède et met le film « Chak Wak » dans le panorama des JCC 2010.

J’avoue craindre les problèmes qui peuvent être déclenchés par ce petit article. Premièrement, parce qu'en Tunisie, critiquer est un droit que rares ont le pouvoir d’exercer… deuxièmement, parce que les concernés sont d’une sensibilité extrême à la critique, qu’ils prennent tout à titre personnel … de toute façon, j’espère que, cette fois –ci, ça ne sera pas le cas.
]

« Chak wak, un film Halal » se veut un film satirique contre les islamistes et le pouvoir en Tunisie. Avant tout, il faut savoir qu’il y a une légère nuance qui sépare la satire du comique. Le discours satirique comporte deux volets: le premier est la dynamique du rire. Le deuxième est la morale ou le souci de vérité qui témoigne d'une volonté de changer les choses. L'équilibre entre ces deux volets doit être soutenu pour éviter que la satire ne devienne une farce gratuite ou un texte moralisateur.

Dans ce contexte, la dynamique du rire est certainement présente dans le film. Mais de quelle manière ? Le film raconte l’histoire d’un village imaginaire « Chak Wak » qui, après le décès de son Imam, cherche un nouveau qui doit le remplacer. Un casting entre délinquants, voyous, et marginaux, s’est ouvert pour choisir le bon Imam. Tout le monde harponne le chemin de la taouba et prend des cours accélérés de Ibada et d’islam … même si on ne comprend rien à la séquence du Hammam quand tout le monde sort torse nu avec des barbes et un âne … on saisi, quand même, que le chemin de Taouba n’était qu’un piège qui mène au salafisme.

Après un passage un peu long du délire islamiste propagé dans le village, les décideurs du village, réagissent. Ils truquent le concours et décident de nommer le fou « Kaka… kakawette » au poste de l’imam. Une belle chute mais inutilement poursuivie par une séquence d’un chien qui fait ses besoins devant la mosquée au même temps que le nouvel Imam n’arrête pas de répéter « Kaka … kaka … kaka… kakaouette ». Puis après, l’apparition gratuite de l’un des candidats déçus en train de faire une prière de  vengeance…

La satire est un genre utilisé dans les comédies pour démasquer le ridicule du comportement de certains personnages. Nasredine Sehili, a espéré que le public comprendra sa technique qui consiste à utiliser l’humour pour démasquer l’aspect absurde et irrationnel des islamistes radicales et d’autres dogmes dues à l’ignorance et à la peur. Il faut reconnaître que Sehili parvient parfois à atteindre ce but.

Mais une satire vraiment réussie doit aller encore plus loin. Elle doit parvenir à faire changer le regard que les gens portent sur le monde, et même à modifier leurs convictions et leurs actions. Et cela, Sehili n’y parvient absolument pas.

Le réalisateur se contente d’un humour de bas étage qui s’abaisse à un niveau qui ne dépasse pas le comique. Il cède à la tendance que l’on retrouve très souvent dans les comédies télévisées et qui consiste à croire que la vulgarité plaît à la majorité des spectateurs. En préférant des blagues gratuites à une satire percutante et profonde, Sehili passe à côté d’une occasion en or.


Au lieu de sortir du cinéma en réalisant à quel point les islamistes et leurs idées sont ridicules et dangereux, les spectateurs vont probablement sortir en se demandant pourquoi la scène la plus longue du film est celle où l’on voit deux amis boivent de la bière (Seltia), en plein air, et chantent en draguant une femme …

L’extrémisme et l’islamisme se propagent de plus en plus dans
notre pays et dans le monde entier. L’islamophobie se propage de façon alarmante. Et plusieurs militants essayent d’éveiller l’attention du monde quant au danger des islamistes et quant à la différence entre un islamiste terroriste et un simple musulman. Mais, dans ce combat, on ne parvient, encore, pas à grand-chose … il serait temps de trouver d’autres moyens pour passer le message. Au cinéma, la satire est l’un des moyens les plus convaincants.

Malheureusement, nous sommes en 2010, et nous n’avons qu’une petite expérience mal dirigée de Nasreddine Sehili, alors que ce dont nous aurions réellement besoin, c’est d’un « Chaplin » qui nous fera, pourquoi pas, un vrai « Dictateur ».

1 commentaire:

  1. T'as pas idée où on peut le voir? J'ai entendu parler de lui après les JCC.

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