samedi 11 février 2012

le drame de vieillir sans murir


Ma feuille est blanche et mes mots sont rares. Pourtant j’ai des idées dans la tête et un grand froid dans le cœur. Je regarde mon ordinateur portable et j’ai comme l’impression de me noyer dans les signes de mon clavier. Plusieurs ont écris sur la difficulté de s’exprimer. C’est un sujet usé… oui, je l’avoue ! 

Plusieurs aussi ont écris sur la souffrance, le néant, le destin, la malédiction et l’incompréhension …
J’ai presque 30 ans. Je ne sais pas comment je suis arrivée à cet âge… depuis enfant, j’avais comme sentiment que je serais jeune éternellement. Débile croyance ! N’est ce pas ? Et pourtant  j’avais la conviction que j’avais raison et que je ferais l’exception … 



J’ai presque 30 ans, et je commence à avoir peur. Je ne connais pas cet âge. Comment faut-il me comporter ? Dois-je prendre des précautions ? Dois-je me préparer ou dois-je m’habituer ou plutôt me révolter ?

J’ai presque 30 ans. Je prends de plus en plus du poids. J’ai de plus en plus des trous et des boutons sur le visage. Je fais de plus en plus mon âge ... Je regarde tous les matins, mon ventre éternel, mes  épaules alourdis par le temps,  mes dents cuivrés et mes lèvres ténébreuses comme une droguée. Je me bats avec quelques mèches blanches arrogantes qui ne veulent pas se cacher.  
Je deviens plus sage. Je fais de moins en moins des folies, et j’ai de moins en moins cette innocence qui fait que je me lance dans des fous rires sur tout et n'importe quoi ...

 J’ai presque 30 ans. Et je deviens  une autre qui pense en permanence qu'hier est meilleur que demain. Qu’avant j'étais encore plus heureuse qu'aujourd'hui ... que j’étais plus belle, plus brillante et moins triste que je le serais demain … 

J’ai presque 30 ans et je deviens amnésique.  J’oublie qui était le premier ... et avec qui j'ai diné dans tel endroit ... j’oublie même celui qui était le plus décevant ...  

J’ai presque 30 ans. Ce n’est pas grave, peut être. C’est juste douloureux de ne plus avoir envie de rêver, de philosopher sur la vie, d’utiliser des métaphores, d’apprécier la poésie et de danser dans la rue sous la pluie …  

jeudi 9 février 2012

Tunisiens : le Sénégal vous concerne !


C’est mon dernier jour à Dakar. Je n’arrête pas de penser à la Tunisie. Ce petit pays qui va de plus en plus mal. A des milliers de kilomètres, je me sens gelée par le froid qui s’acharne sur les terres et les âmes. La chaleur de  la « téranga » sénégalaise m’étouffe … peut être… ou me culpabilise. 

Je rentre demain ! J’ai déjà raté mon vol et je le regrette !  et j’ai hate d’aller à Ain Drahem, Kef et Siliana pour partager une misère qui m’appartient … même si celle des autres me concerne. 

 Mon séjour à Dakar m’a beaucoup appris. Il m’a appris sur le Sénégal mais aussi sur, mon propre pays, la Tunisie. Au début, entourée par des journalistes professionnels du Web, j’ai pas réussi à trouver des réponses crédibles, à mes yeux, à plusieurs questions qui me tourmentent. 

Pourquoi malgré la corruption, le mensonge, le ridicule et la cruauté du régime, les sénégalais ne bougent pas d’une manière déterminante et ne mettent pas fin à cette mascarade qui s’appelle « Wade »? 

Pourquoi malgré une presse libre qui évoque tous les sujets sensibles, la dictature ou plutôt l’oligarchie s’empare encore du pays et garde la main mise sur les richesses en privant le peuple sénégalais (de plus en plus pauvre) de son droit à une vie digne ? 

J’ai cherché … et j’ai trouvé… le contact de quelques activistes indépendants. Ils m’ont apporté des réponses effrayantes sur la réalité des choses. 
« Les gens ne réagissent pas parce qu’ils ont peur … de la confrontation avec la police … mais parce qu'ils ont peur de la colère des marabouts. » me dit «Fary Moreira Ndao», un activiste sénégalais indépendant. 

Depuis des années, les confréries se sont fait une place stratégique au Sénégal. La confrérie  « des mourides », la plus connue, dans le pays, compte des milliers de disciples. Le « Khalifa » des mourides a un pouvoir absolu sur ses disciples, sur les politiciens, les médias et même sur le grand « Dieu »…
Tout le monde écoute le « Khalifa » et ne contredit jamais sa volonté.

« Les marabouts sont les plus riches du pays. Ils ont même lancé des affaires dans plusieurs secteurs. Ils puisent leurs richesses des « Hadya » (les cadeaux en français) de leurs disciples » explique l’activiste.

Le problème est que ces cadeaux sont offerts aussi par des politiciens. Les marabouts  acceptent les cadeaux achetés par l’argent du contribuable et rendent service aux politiciens en empoisonnant le peuple (surtout les jeunes) par des messages « religieux » difficiles à contre dire. 

« Les marabouts n’arrêtent pas d’appeler à « la paix » … de dire que manifester, protester, et se révolter n’est pas bien. C’est Haram ! Si vous le faites, vous ne serez plus « mourides » … » me raconte Fary en ajoutant que les gens, en écoutant, ces discours, se laissent manipuler. 

Bien sur les marabouts veulent à tout prix garder le statut quo, parce qu’il est à leur faveur. Ils ont le pouvoir, l’argent et jouissent d’un privilège rare dans la société. Ils avortent alors, toute tentative de changement même si elle est pacifiste, démocratique et légitime. 

Lors de la validation de la candidature de Wade (président pendant deux mandats), les marabouts n’ont pas caché leur soutien au « vieux sage » qui s'est proclamé « mourides », dès le premier jour de son règne,  pour gagner leur appui et la sympathie du peuple sénégalais.  

« Et pourquoi vous ne critiquez pas cette ordure de marabouts ? Pourquoi vous n’essayer pas de discuter avec les gens et de montrer le mensonge du  Khalifa » criais- je naïvement. 

« Parce qu’avec la religion … on ne discute pas ! » me répond calmement Fary. 

C’est cette phrase, pourtant, simple, évidente et logique (pour des centaines que je connais),  qui m’a prolongé dans une réflexion inquiète et traumatisée sur la Tunisie. 

Ce mélange entre religion et politique, qui ne passe forcément pas par la constitution (la constitution sénégalaise est laïque), « est fatalement dangereux ! Vous ne devez pas gouter à cette drogue ! » dit « Mohamed », un autre activiste, en s’adressant  à moi et à tous les tunisiens. 

 Quand une manifestation devient haram ! Quand un martyr devient un « non musulman » et un mauvais exemple parce qu’il s’est mis en danger et c’est haram … quand tout sera expliqué par le mystique et lorsque tout sera régi par le sacré … il y aura plus de place à la liberté, à la démocratie et à la paix. 

Une paix qui veut dire selon ces militants « une égalité de chance, une justice sociale, un marché ouvert aux jeunes, une bonne éducation, des services publics accessibles à tout le monde … les marabouts qui sont dans la richesse ne voient pas la misère du peuple et parlent d’une autre paix qui consiste à rester docile et à ne pas porter d’armes (même intellectuelles) contre le pouvoir… ». 


le lendemain de cette rencontre, j’ai assisté à la manifestation des opposants contre la candidature de Wade. Et j’ai découvert que l’opposition est lâche, complaisante avec le régime et pas du tout crédible… une autre réflexion à mon petit pays qui souffre de la même maladie.

Que faire ?

lundi 23 janvier 2012

Je me tais

Je dois arrêter de t’aimer. Je dois reprendre gout à la vie et reprendre gout à moi-même.
Aimant l’amour ! Comme on dit. Ça sera mieux que de t’aimer … toi en particulier
Tu me regardes. Je suis pâle comme une fleur sombre d’un hiver qui s’évanouit sur tes portes.
Tu me portes. Je m’efface. Et je pense sans des mots comme une amante sourde qui écrase le bruit du vent.
Tu t’approches. Et je reste, sage comme une bougie qui s’éteint.
Je dois arrêter de t’aimer ! Et penser que la vie est quand même cohérente sans toi.
Ta chaleur me brûle sans me prévenir … et je préfère la glace !
Tu me regardes. Et je me tais comme une muette qui écoute le bruit du monde.
Tu me regardes. Et je ne sais plus. Je me sens malade. Je me sens perdue.
Tu me regardes. Et je pleure, parfois par joie, parfois par peur.
Tu me regardes. Et j’en peux plus …
Tu ferme les yeux ! Et je danse pour un sourire qui s’en va. Et je chante comme une aveugle qui pense sans imaginer. Et je chante pour cette nuit éternelle … pour cette aube impossible…
 Tu m’appelles. Et je m’en vais. Car je dois arrêter de t’aimer et trouver une raison … pour vivre sans t’aimer
Tu me fais souffrir et je me tais
Je m’en fous de ce qu’ils disent
Qui suis-je ? Je suis l’instinct de l’animal qui évolue dans l’humain
Je suis n’importe qui
Je suis le hasard
Je suis le destin
Je suis une lumière qui amplifie les ombres des autres. Je suis l’imaginaire…



Tu ne comprendras jamais et je ne  t’expliquerais jamais
Je suis plus que tu ne puisses imaginer
Personne ne puisse te comprendre plus que je le fais ...
puisque tu me fais mal et je me tais.

vendredi 13 janvier 2012

14 Janvier: désolée mais j'ai honte!!



Je ne me sens pas bien aujourd’hui. Demain, ça sera le 14 Janvier, une journée historique dans ma vie et dans l’histoire de toute la Tunisie. L’année dernière, c’était la journée la plus heureuse dans toute ma vie … cette année, je ne sais plus ! j’ai honte ! je ne sais pas pourquoi … ou peut être que je sais ...

J’ai honte parce que les martyrs et les blessés de la révolution (que je préfère appeler conflit) sont toujours dans l’oublie.
J’ai honte parce que les tueurs de ces victimes jouissent toujours de l’impunité
J’ai honte parce que la dignité ne figure plus dans la liste des objectifs de la révolution
J’ai honte parce que la jeunesse qui a fait cette révolution (que je nommerais plutôt révolte) est toujours écartée de la prise de décision
J’ai honte parce que la femme qui a participé d’égale à égale avec l’homme à ce mouvement est menacée
J’ai honte parce que les opposants (les vrais) qui ont combattu Ben Ali se font insultés et se font harcelés jusqu’aujourd’hui
J’ai honte parce que le Tunisien n’a pas encore compris que personne n’a de faveur sur la liberté dont il jouit
J’ai honte parce le tunisien ne connait rien de ce qui s’est passé réellement le jour du 14 janvier 12
J’ai honte parce que la presse est encore dirigée par un système corrompu
J’ai honte parce que la corruption fait encore partie de nos coutumes
 Voilà tout ce que j’ai à dire maintenant !! j’ai honte, j’ai mal, je veux pas descendre demain à l’Avenue Habib Bourguiba … mais je vais le faire et je vais pleurer … je sais que je vais pleurer

samedi 31 décembre 2011

Elle ne sait pas comment guérir ses cicatrices

«  C’est ton frère, il est en train de t’éduquer, il a le droit de te battre ».
Dit la maman à sa fille, qui fonce sa tête entre ses deux jambes bleutées par les coups de pieds de son frère ainé. Une honte, une colère, une tristesse, une culpabilité, une confusion et une douleur … plusieurs sentiments s’acharnent sur les petits cœurs des fillettes qui deviennent des femmes et des mamans et qui à force de s’habituer répètent, des années plus tard, la même phrase à leurs filles … 
«  C’est ton frère, il est en train de t’éduquer, il a le droit de te battre ».

Cette phrase l’a accompagné durant des années comme toutes les fiellettes. Enfant, puis adolescente, elle a appris à s’incliner à cette autorité misogyne et agressive. C’était souvent cette phrase qu’elle entendait, à chaque fois, que son frère ainé, l’agresse. Enfermée dans sa chambre, elle entendait les injures de son frère et les pleurs de sa mère le suppliant de la laisser tranquille …
Au fil du temps, la timide adolescente apprend à affronter son agresseur et à se révolter. Le combat a duré des années et a pris fin avec une rupture définitive.  Une rupture qui met terme au conflit mais qui n’apaise pas les douleurs.
En partageant son expérience avec d’autres femmes soit sur des réseaux sociaux ou dans la vie réelle, elle a réalisé que son expérience n’est pas le cas de la majorité des femmes dans son pays … mais son histoire ne s’arrête pas ici … elle vient tout juste de commencer…
Il y a cinq ans de ça. C’était un dimanche quand réunis autour du petit déjeuner, la tension monte entre elle et son frère ainé. Mais, cette fois, au lieu de recevoir des coups, elle a décidé de les donner pour se défendre … son sentiment de fierté, de confort, de soulagement et de joie n’était qu’un début d’un long trébuchement dans sa mémoire.
Après quelques mois, saoulés de cauchemars et d’insomnie, elle a retrouvé les premiers bouts de la boite noire : inceste et harcèlement sexuel.
Le choc était énorme. Et la boite noire de sa mémoire a commencé à s’ouvrir sur des images terrifiantes… répétitives et mélangées par des odeurs dégoutantes collées à sa peau éternellement.
A ce moment elle a réalisé qu’un démon pèse sur son ventre.  
Et elle commence alors à comprendre sa haine envers son corps. Et elle commence aussi à trouver des explications aux échecs de ses relations avec l’autre sexe. Oublier était trop difficile pour elle et parler était aussi impossible que sa guérissant.
L’insomnie et les crises d’angoisse se transforment en dépression puis en tentative de suicide échouée miraculeusement. Mais son histoire vient tout juste de commencer …
Après un rétablissement physique, elle avait des comptes à rendre pour des parents inquiets et totalement confus. Les tests de grossess e négatifs et de virginité positifs n’ont ramené aucune explication. La situation s’est encore plus aggravée avec la présence permanente de son frère. Une présence qu’est devenue insupportable et douloureuse. Son arrogance n’a fait que nourrire les désires de la jeune fille de s’éclipser définitivement de la vie …
Mais tout d’un coup, son instinct de survie a tranché. Il a, en plus, transformé ses sentiments de culpabilité et de honte en une haine et un désir de vengeance irrésistibles. Et c’est à ce moment qu’elle a décidé de partager les remords et la souffrance avec ses parents. Punition faite mais n’a toujours pas concernée son agresseur.
Il est difficile dans sa société de gérer l’inceste. Tâcher éternellement la réputation d’une famille, détruire l’avenir d’une sœur ou d’un petit frère, provoquer une crise cardiaque d’un père ou d’une mère … des lourdes et fatales conséquences difficiles à assumer.
Après mure réflexion, elle se décide « Je troquerais ma liberté contre mon silence» dit-t-elle à sa famille. La peur, la honte et la culpabilité ont changé de camps …
Entre temps, sa douleur ne s’est pas apaisée. Comment pourra-t-elle guérir ses cicatrices ? comment pourra-t-elle tuer la douleur ?



                                                                                                                                (source: rapport ATFD)

vendredi 4 novembre 2011

Tunisie: peur d'assumer la liberté de l'Autre

 



j’étais obligée d’y aller.. Je n’étais pas contente du tout, mais travail oblige, je me suis retrouvée, encore une fois, engloutie par ces parfums arrogants et entourée par ces jupes excitantes. l'espace était archi-plein par des femmes ... C’était la réunion du syndicat des enseignants universitaires, tenue mercredi 2 novembre, à la cité des sciences à Tunis. 

Le sujet de discussion portait sur les agressions qu’ont subit, dernièrement, quelques enseignantes et étudiantes par des « islamistes ». La salle était étouffante et on n’arrivait même pas à  entendre les témoignages et discours des protagonistes. Entourée par des visages inquiets et des regards incertains, j’ai discuté avec des copines de confiance. « Je suis scandalisée par ce qui se passe ! En plus, ils nous disent « dégage ! » … de quel droit ?!! » Me dit une amie furieuse de rage. 

Moi aussi j’étais furieuse. Non seulement à cause de la violence des supposés « islamistes » mais aussi à cause de cette démarche stupide et lâche qu’a choisi la femme présumée « moderniste » dans sa lutte féministe. Je ne parle pas de cette réunion syndicaliste, tout à fait légitime à mes yeux. Je parle plutôt de la manifestation féministe devant la Kasbah (qui s’est déroulée le même jour) et qui a permis à trois femmes de rencontrer le gouvernement provisoire et les grandes forces politiques dans le pays.  

Aller supplier le Beji Caid Sebsi et Ghannouchi au premier ministère concernant le maintien du code du statut personnel est à mes yeux, la preuve la plus concrète et tranchante de la défaillance de la vision et approche politique et militante des modernistes en Tunisie. 

Cette politique de « Mounachada » et de « Sidi Flen a9dhili 7ajti » me rend malade. Et je suis de plus en plus persuadée que la problématique est essentiellement générationnelle. Nous les jeunes, nous avons la Rue, le Peuple (comme nous l’avons montré lors de la Kasbah 2 et autres manifestations et sit in..), seul pouvoir véritablement légitime et fort après le 14 Janvier. Eux, les vieux, ont les concessions, les négociations  en huit clos et la soumission au plus fort qu’il soit national ou étranger … peu importe ! L’essentiel est de garder son petit confort et à moindre coût. 

Ce sont eux qui étaient contents sous la dictature de Ben Ali. Ce sont eux qui ont troqué la pseudo-liberté personnelle contre une vraie démocratie à l’époque de Bourguiba. Ce sont eux qui se sont contentés d’un minimum ridicule de confort intellectuel très centralisé… 

le pire est que ces vieux (et aussi vielles) n'arrivent pas à se détacher de leur soumission héritée à la dictature. 

Mon indignation s’est transformée en révolte quand le soir même, ces enseignantes universitaires, ont gardé leurs visages en hors champs de la caméra de la chaîne nationale. Louche ! Stupide ! Lâche ! Je ne trouve même pas les mots pour exprimer ma déception … et je pense que ça ne sert à rien de commenter encore plus cette affaire. 

Cependant, je tiens à donner un seul conseil à ceux et celles qui prétendent êtres défenseurs de la liberté : « brabbi !! Si vous avez peur à ce point ! brabbi, prenez la retraite! Restez chez vous ! Émigrés à un pays démocratique !  Faites autre chose dans votre vie !! … arrêtez de pleurnicher et demander l’aide en refusant même d’assumer pleinement un témoignage !! ce que vous faites vous fera plus du mal que du bien ...  ». 

Et pour les autres, celles qui sont contentes de la liberté de la fille voilée et cagoulée dans les universités, je leur dit que la liberté n’est pas seulement une entité ou une qualité. La liberté n’est pas un bloc que nous avons ou que nous n’avons pas. La liberté est bien un résultat qui mérite un exercice continu et assidu sur l’individualité et le rejet de l’autorité sur l’autre. 

Et pour être plus concrète, je cite un épisode de mon vécu. Une expérience qui a duré quelques années à la faculté avec ces nouvelles libertaires voilées. En fait, j’étais parmi les rares qui défendaient à l’époque de Ben Ali, la fille voilée à ma faculté. J’ai écrit un rapport pour dénoncer un enseignant (rcdiste) qui a harcelé et insulté une étudiante voilée pendant ses cours. J’ai défendu le projet d’un film sur les voilées fortement controversé et discrédité par des étudiants rcdistes pendant un cours d’audiovisuel (qui nous demande de faire un court métrage en fin d’année), j’ai refusé de passer un examen quand le directeur de la faculté a interdit des filles voilées de passer le même examen.

et vous savez qu'elle était la réaction de ces pauvres petites soumises? « Arrête de te rallier à nous ! Tu nous tâche la réputation avec tes cheveux bouclés et ton comportement de garçon manqué … ». 

Malheureusement pour elles, moi qui n’a jamais défendu les personnes mais plutôt et uniquement les principes, je n’étais pas déçue ou humiliée. Cette expérience m’a permis de tirer des conclusions… et de faire la différence entre libertaire et libre. 

En effet, un libertaire, sans connaissances, linguistiques, est-il libre de parler chinois ? Non ! Il n’aura cette liberté que lorsqu’il aura appris la langue et ses règles de grammaire et de conjugaison. 

Ainsi, nous devons, donc, lutter contre l’autorité qui nous empêche de développer nos compétences linguistiques ou qui détient les dictionnaires. Pour avoir la liberté de parler chinois, nous devons avoir la puissance de savoir et la puissance d’avoir un dictionnaire à notre disposition. 

La liberté est une force qu’il faut savoir développer en son individu ; nul ne peut l’accorder (même pas BCE ou Ghanouchi :p).